Qu’est-ce que ça fait d’héberger, ou d’être hébergé ?

Cet article est une réflexion sur le principe de l’accueil, et de l’échange qui peut avoir lieu à cette occasion. Loin de moi l’idée de vous donner des conseils ou des recommandations, je ne fais que partager mon ressenti afin que vous puissiez vous aussi vous poser des questions.

En premier lieu

Je vous recommande la lecture de la page qui m’est consacrée, afin de vous faire une idée de qui je suis, et donc de la façon dont j’aborde ce type de relation. C’est un bon moyen ensuite de le transposer à votre situation personnelle.

Différence entre CouchSurfing et WorkAway (ou Wwoofing)

Dans mon esprit, il y a une immense différence entre les deux concepts, et donc une immense différence dans la façon dont la relation s’établit et dans les attentes de chacun.

CouchSurfing

Vous avez besoin d’un endroit pour dormir durant votre voyage ? Ma maison vous est ouverte.

Une nuit ou une semaine, c’est un peu pareil. Le rôle que je me fixe est d’apporter un peu de confort aux voyageurs de passage, et éventuellement leur proposer de découvrir la culture et le paysage du coin. C’est aussi ce que j’ai attendu (et reçu) de tous les hôtes couchsurfing que j’ai pû rencontrer. J’ai eu la chance de voyager dans leurs histoires et dans les plats qu’ils m’ont préparé parfois.

WorkAway/Wwoofing

Là, mon approche est différente. L’accueil est le même, mais est assujetti à quelques menus travaux. Et c’est important parce que les Workawayers sont là pour faire et pour apprendre à faire. Le Wwoofing est plutôt réservé au travail dans des fermes et élevages bio (organic farms), tandis que WorkAway est … pour tout le reste ! Et effectivement ça va du ménage en chambres d’hôtes à la distribution de prospectus pour un spectacle, en passant par … chez moi :).

Évaluer la compatibilité

Afin d’être sûr que tout se passe bien, la première chose que je fais c’est de vraiment regarder en détail le profil de la personne, et aussi de bien travailler sur mon propre profil. L’avantage du site WorkAway.info est qu’il prévoit déjà des cases à remplir ou à cocher, ce qui permet de rapidement se faire une idée.

Tout ne tenant pas dans les cases, bien sûr, j’ai lu, re-lu, re-re-lu mon profil ainsi que celui de la personne, et j’ai essayé de comprendre entre les lignes pour être sûr ! Quand je lis: « J’aime m’occuper des animaux » et que je n’ai que des mouches ou des araignées chez moi, je me dis que ça va pas être terrible pour mon visiteur.

C’est une démarche fastidieuse, mais nécessaire pour moi. De même, j’insiste toujours sur le fait que je vis dans un endroit très isolé, avec le confort quand même, mais assez loin de la première boulangerie, ou même d’une petite épicerie. C’est pour cela que les messages que je peux envoyer essayent d’être les plus complets possible, afin de décrire l’endroit où la personne va vivre, et dans quelles conditions.

Définir le plus possible une durée

Ce n’est pas toujours facile, mais c’est un plus à mon sens. Bon, il se trouve que ça ne s’est pas fait à chaque fois. Un de mes Workawayer avait prévu de rester à peu près une semaine, et deux mois après il était encore là 🙂

Mais ça permet de fixer des limites, et permet à moi ou au visiteur de se servir de cette durée comme bonne raison de partir. Rien n’empêche de renégocier cette durée au fur et à mesure du séjour. La difficulté c’est si le voyageur ou moi avons prévu la suite, et donc décaler les autres hôtes ou visiteurs. Mais encore une fois, c’est bien pratique d’avoir une échéance fixée.

Établir des règles, en commun

Pas évident pour moi, dont la première règle est: « Je n’ai pas de règles », mais j’ai ressenti ça de la part de certains voyageurs. De petits détails comme « Est-ce que la préparation des repas communs fait partie des heures de travail ? », ou alors « Quelle est la liste des choses à faire ? » ont leur importance.

Ce n’est pas parce que j’accueille des gens dans ma maison que j’ai tous les droits, et surtout pas le droit de juger d’un comportement. Il peut être naturel pour l’autre et choquant pour moi, c’est à moi de prévoir ce genre de cas. Je vais prendre un exemple simple: Je ne mange rien le matin, fais rarement un repas à midi, et je considère le repas du soir comme essentiel et social. J’étais loin d’imaginer que dans certains pays, les repas sont pris en autonomie (chacun mange de son côté, sans préparation collective).

J’ai toujours pris soin de dire à mes invités de ne pas hésiter à me prévenir si mes comportement ou mon langage (parfois fleuri) les mettait dans l’embarras. De façon parfois un peu insistante, mais toujours avec le respect de la capacité d’expression de l’autre. Et les avis sur mon profil WorkAway sont là pour me conforter dans mes choix.

De petits détails, mais qui sont à mon sens importants et essentiels même. J’ai beaucoup appris, et j’ai surtout appris que la tolérance et le respect mutuel sont les clefs.

Prévoir une porte de sortie

Parfois, tout ne se passe pas forcément bien. Question d’alchimie ? Du coup, il est toujours bon de prévoir une porte de sortie, et plutôt pour le voyageur que pour moi. Comme je n’ai pas de contraintes d’exploitation ni de rendement, je n’ai pas d’impact particulier à prévoir. Mais le voyageur habite chez moi, et si ça se passe mal, que ce soit de ma faute ou de la sienne, il faut qu’il trouve un nouveau lieu.

Du coup, j’insiste régulièrement auprès des voyageurs pour savoir si ils ont d’autres hôtes sous le coude, si ils ont un refuge (genre ils ont un van, ou des amis pas trop loin, ou quelque chose du genre) dans le cas que j’espère improbable où l’entente n’aurait pas lieu.

Je n’ai jamais trouvé incohérent de prévenir ou d’alerter la personne qui doit venir chez moi que peut-être nous ne nous conviendrions pas forcément et qu’il faut être conscient de ça. Et ça rassure tout le monde.

Se montrer tel qu’on est

Parce que de toute façon ça va se voir et se sentir à un moment ou à un autre, il ne sert à rien à mon avis de vouloir jouer un rôle.

Pas grand chose à dire à ce niveau-là, je pense que rester naturel et attendre la même chose du voyageur est un gros plus.

Échanger des numéros « d’urgence »

Ça semble un peu ridicule, mais c’est toujours pratique de pouvoir prévenir quelqu’un en cas de souci. Un voyageur m’a même expliqué qu’un de ses hôtes lui avait fourni une fiche de renseignements à remplir. Bon, c’est peut-être un peu trop, mais l’idée est là. Et je n’ai jamais eu de retour négatif de cette demande.

Je n’ai jamais eu à m’en servir, et j’en suis ravi, un peu comme la ceinture de sécurité dans ma voiture.

Accueillir comme on aimerait l’être

Il est une évidence pour moi que d’offrir un lieu privé où le voyageur sera chez lui. Une chambre individuelle est évidemment essentielle. Des draps propres, une armoire ou une partie d’armoire, quelques affaires de toilette.

J’ai eu à accueillir deux amies, à qui j’ai bien évidemment demandé si elles pouvaient partager la même chambre et le même lit, et poser la question avant leur arrivée était nécessaire. Dans un autre cas, j’ai même dû m’installer dans une chambre temporaire pour laisser la mienne à quelqu’un d’autre. Bon, c’était un peu imprévu mais totalement nécessaire.

Respecter et faire respecter l’intimité

Une évidence, non ? Mais pas forcément pour tout le monde. Une vie en petite communauté nécessite de laisser de la place aux autres, et de respecter leur « bulle ». Pas trop distant mais pas trop proche non plus.

À moins d’avoir une grande maison faite de petits appartements, ou d’avoir dans le jardin une caravane, une yourte ou une dépendance, la vie va s’organiser autour de lieux à partager, comme la cuisine, la salle de bain, les toilettes, etc. mais aussi autour de lieux privés comme les chambres, les bureaux, et autres.

Comme tout le monde j’imagine, je peux avoir des besoins d’intimité afin de me retrouver moi-même, de passer un coup de fil, de me concentrer sur une tâche … Et les voyageurs aussi, d’autant plus qu’ils n’ont parfois pas eu l’occasion de retrouver leur chez-eux depuis un bon moment.

En conclusion

Les rapports humains se font toujours dans l’improvisation et le dialogue, et c’est essentiel pour que tout se passe bien. Redéfinir des règles, s’adapter à l’autre, lui faire sentir quand les choses peuvent devenir compliquées ou perturbantes.

Mais quoi qu’il en soit, toutes mes expériences ont été enrichissantes et positives. J’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup enseigné, et tous les voyageurs qui sont passés par chez moi ont l’intention de revenir (ils l’ont déjà fait pour certains). J’ai gardé d’excellents contacts grâce à tout ça, et j’en retire beaucoup de plaisir.

Je vous souhaite d’accueillir et d’être accueilli dans les mêmes conditions que moi, la nature humaine est tellement agréable à découvrir. Et puis c’est un excellent moyen d’évoluer, de sortir de sa zone de confort pour se confronter à l’autre et à sa propre image.

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